le comptoir : l'octogénaire

L’octogénaire :

            Mon père est âgé de 80 ans. Il se plaint d’être fatigué. C’est l’hiver, il fait froid.

Son médecin généraliste lui a prescrit des analyses pour éliminer une quelconque infection.

Les résultats tombent : tout est bon RAS. Pas d’infection.

Diagnostic du médecin : les années commencent à peser…

           Je lui suggère de faire une cure de gelée royale que je pense être bien indiquée dans son cas.

Je préfère en ampoules buvables. L’observance du traitement en sera améliorée.

Mon père qui me fait toujours confiance note mes « recommandations » et s’en va chez son pharmacien.

          Le soir, il m’appelle et me dit que son pharmacien n’avait pas d’ampoules de gelée royale et lui a donc conseillé un autre produit.

Il me lit donc ce qui est inscrit sur la boîte : cure tonique en 10 ampoules, avec de la taurine, du ginseng, du guarana, du gingembre, et de la gelée royale, cure d’attaque à 4 par jour pendant 5 jours.

Ce conseil m'étonne un peu et je lui demande de ne pas commencer son traitement.

Moi, je voulais qu’il prenne un reminéralisant voire une cure de vitamines mais en aucun cas un booster.

Je passe donc le voir le lendemain.

            La taurine à faible dose augmente les capacités cognitives du sujet âgé mais à forte dose elle est déconseillée aux insuffisants rénaux. Or mon père a 80 ans ! Ses capacités rénales sont forcément amoindries.

De plus, le guarana contient de la caféine qui a un effet dopant, booster. Mon père a un traitement anti hypertenseur.

Sans compter qu’à 80 ans, on ne dort plus comme un bébé !

3 contre indications en un seul produit !

Me voilà à la pharmacie pour échanger cette boîte contre un produit plus adéquat !!

J’explique à la jeune fille mon étonnement pour le choix de ce produit que je ne trouve pas judicieux.

Pour un trentenaire, sportif, ou une préparation d’examen, je peux comprendre mais pour un vieux de 80 ans ??

La pharmacienne intervient pour autoriser la reprise de la boîte sans pour autant argumenter le choix de son assistant (ou mari peut être ?).

En rentrant, mon père me dit qu’en fait, le pharmacien qui l’a servi venait de lui donner son traitement mensuel et donc son antihypertenseur…

Sans commentaire…