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Les "bonnes" pratiques officinales
4 avril 2013

Un jour pas deux!

 

Premier et dernier jour :

 

 

            Sans conviction aucune, je fais un essai dans une ENORME pharmacie.

Entendez bien : ENORME pas juste grande et belle pharmacie !

Vous connaissez le principe des caisses rapides et bien là ce sont des tapis roulants comme en grande surface !!

Impossible de dénombrer le nombre de gammes, comme le nombre d’employés d’ailleurs.

Tout existe par lot. Réduction sur le 2ème. Produit gratuit. Prix spécial par 3, par 6, par 9…

Et attention : 2 demi journées de formation pour savoir faire toutes ces différentes remises dans l’ordi.

 

Je me suis dis qu’une structure pareille demandait une organisation terrible, que tout devait être orchestré avec précision et que la rigueur était de mise !

 

Quelle déception !

 

En fait, ce sont les mêmes problèmes qu’en officine classique mais décuplés !

 

« Bonjour, je voudrais ce lait pour bébé mais je ne l’ai pas trouvé en rayon. »

Normalement, on n’accompagne pas le client en rayon, ben non ! il y a des conseillères de vente pour ça ! mais bon ! j’y vais !

Rien en rayon. « Je vais voir en réserve ! »

Je traverse la pharmacie, passe au back office : rayon réserve vide.

Je vérifie le stock sur l’ordi : 12 !!

Je téléphone à l’étage (l’autre réserve) : « faut voir avec la responsable du rayon ! »

Ok. Je cherche la « responsable du rayon ». Elle finit avec son client et refait le même chemin que moi ! On ne sait jamais des fois que je ne saurais pas lire les étiquettes en rayon !!

Elle vérifie le stock (comme moi) et finit par appeler la parapharmacie : « ha, c’est vous qui les avez ? ok pour cet aprem. ! merci !! » On s’est trompé, ils ne sont pas au bon endroit.

Résultat : -2 personnes immobilisées

                -une cliente qui poireaute depuis près de 20 minutes

                -pas de vente au final puisqu’il lui est impossible de repasser ce soir

Efficacité : zéro !

 

« Bonjour !! Le jeune homme a conseillé à Madame la levure de riz rouge, elle en voudrait encore s’il vous plait. (la dame ne parle pas français et c’est donc à un interprète que je parle)

Et il lui a parlé d’un autre produit à associer. »

Je me tourne vers mon collègue pour savoir quelle gamme il avait proposé.

Il me montre le rayon et ajoute à l’intention de la cliente : « C’est le Co Enzime Q10 qu’il faut prendre en relai. Pour nettoyer l’organisme. »

Nettoyer je ne crois pas mais bon c’est le bon produit alors on va dire que c’est presque ça !

«  Voilà Madame. » Je poursuis la vente : vitamines pour le mari etc etc.

On discute un peu santé et je lui demande si elle a déjà des résultats avec la levure de riz rouge et je comprends qu’elle a déjà essayé un traitement médicamenteux. Par mesure de précaution, je lui demande tout de même si elle le prend toujours et ce que c’est.

 

J’apprends alors qu’elle est sous statine, qu’elle prend en plus la levure de riz rouge, et qu’on ne lui a pas dit qu’il ne fallait pas cumuler ou au moins de voir avec son médecin pour ajuster la dose.

En gros, ce qui compte ici c’est : « ça fait 270 Euros, merci ! ».

 

« Bonjour !! J’ai pris ça en rayon, je cherche des protections pour fuite urinaire mais discrètes juste quelques gouttes ! » La dame me montre des serviettes hygiéniques.

Je lui dis qu’il y a plus adapté et cherche le rayon.

Réponse de ma collègue : c’est en réserve, il n’y a pas de rayon, pas assez rentable.

Je vais donc en réserve à l’étage.

Je demande aux stockistes qui m’indiquent une petite pièce en sous pente, pas éclairée, recouverte d’amiante (j’en ai plein les cheveux d’ailleurs parce que je ne me suis pas assez baissée !). On finit par trouver un carton qui contient ce que je cherche : protection mini en lot de 2 marqué 15% de remise sur le lot.

Je descends. La cliente me remercie et on passe en caisse.

Et… le code ne passe pas. Ok, je cherche manuellement la référence du lot…pas dans l’ordi !

Ok, je cherche manuellement le paquet unitaire.

Je fais appel à la responsable parce qu’ici ça rigole pas avec la caisse.

Elle téléphone, elle cherche. Je propose de faire le prix de 2 unitaires mois 15% histoire de relâcher ma cliente coincée depuis un quart d’heure si ce n’est plus avec son paquet de protections urinaires posé sur le comptoir.

Ouf, vente finie !!

Efficacité : bof, je sais pas.

 

« Bonjour, je voudrais 15 boîtes de 3 tubes de mini-comprimés de nicotine, SVP.

- 15 ?

- oui oui vous êtes les moins chers je fais le plein !

- c’est pour vous ?

- pour ma femme. Elle ne fume plus.

- mais combien en consomme t elle par jour ?

- j’en sais rien moi. Ca lui fait un mois.

- l’idée c’est qu’elle diminue sa posologie doucement…

- non mais c’est bon, les autres m’embêtent pas avec ça ! vous me les donnez ou pas ?

- ben… oui »

Si j’ai fait mon boulot ? Ben non. Mais j’ai tout vendu !

 

Le chiffre d’affaire c’est bien, mais pas comme ça !

Je ne peux pas, désolée, pas pour moi, je ne reste pas.

 

 

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  • Ce que j'ai vécu, vu, entendu en 20 ans de carrière en pharmacie. Le travail, la formation, l'évolution de la profession, mais aussi les fraudes, les dérives, les abérations du système. Les amitiés, les relations avec les clients, les cas difficiles aussi
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