Drôle de pharmacie : la Grande Pharmacie d'A.

La grande pharmacie d’A.

            Autre lieu, autre CDD.

Quand je m’occupais du syndicat des préparateurs en pharmacie de mon département, j’ai vu défiler presque toute l’équipe officinale de cette pharmacie.

Les plaintes étaient nombreuses, manquement au code du travail, harcèlement, mauvaise ambiance… Tout y était.

Il y avait même eu une tentative de pose de caméras côté équipe !!

            Afin de « gérer » sa nombreuse équipe, le titulaire avait désigné une employée non qualifiée pour le seconder. Tout devait passer par elle avant de l’atteindre : les demandes de congés, les petits soucis quotidiens, les commandes, les emplois du temps, enfin tout.

Par idiot comme système. Lui n’était plus sollicité pour les petites choses. Elle, était rémunérée plus que pour n’importe quel autre poste qu’on aurait pu lui proposer sans qualification et du coup, elle était vraiment très pointilleuse et redevable à son employeur.

Par contre, point de vue ambiance…

            Pour anecdote : une stockiste s’était blessée au dos. Elle avait repris le travail avec l’accord de la médecine du travail sous conditions et ne devait plus porter de charges lourdes.

Arrive une livraison et elle fait donc appel à des collègues masculins pour déplacer les cartons. Une heure après, le titulaire la convoque dans son bureau et lui demande de signer une déclaration dans laquelle elle dit avoir soulevé des charges. Elle lui explique ne pas l’avoir fait. Il insiste, la traite de menteuse, la fait pleurer jusqu’à obtenir sa signature…

Bien entendu, on a pu l’aider à avoir gain de cause.

            Quelques années plus tard, (je ne m’occupais plus du syndicat depuis longtemps) on me propose un remplacement dans cette fameuse pharmacie. Connaissant son histoire, j’accepte pour voir de mes yeux comment ça se passait en vrai.

            On me montre donc le comptoir qui m’est destiné et on me présente l’équipe. (fraîchement débarquée puisque turn over intense !!)

Au cours des jours qui ont suivis, j’ai eu une ordonnance pour un antimycosique destiné à un enfant. Hors, la forme pédiatrique était manquante. Je savais que la formulation destinée à l’adulte était exactement la même, une pipette étant ajoutée dans la présentation enfant.

Comme dans tous les cas où un problème se pose, je me tourne vers un pharmacien, une assistante en l’occurrence et lui explique mon souci.

Qu’est ce que j’avais fait !!!

Voilà la « responsable » qui me tombe dessus à grands cris, qui m’arrache l’ordonnance des mains, et qui me dit de toujours passer par elle pour quoi que ce soit. Moi, étonnée, je lui dis qu’il s’agit d’un problème pharmacologique et que j’avais cru bien faire en m’adressant à un pharmacien. (dont c’est la spécialité mais ça je l’ai pas rajouté !!)

Elle a donc appelé le médecin et réglé le problème pendant que l’assistante m’envoyait un regard attristé…

J’ai trouvé ça tellement curieux, que ça en était presque drôle.

            Le reste du temps, il ne fallait pas dire un mot. Interdiction formelle d’adresser la parole à un membre de l’équipe.

Mais là où vraiment c’était le plus drôle, c’est qu’en attendant le client, on m’a expliqué que je devais me placer sur le côté du comptoir, un peu en avant, toujours en silence, droite comme un piquet, si possible les mains dans le dos (pour pas avoir l’air de m’embêter) et souriante bien sûr.

            GARDE A VOUS !!!!!